Le baron de Condé fût conseiller général et maire de Montataire. Il était
né le 4 août 1810 à Deux-Ponts (Zweibrücken) faisant alors partie de la France.
A l'annonce de son décés, deux articles parurent dans un journal belge, l'Education Populaire
qui paraissait tous les jeudis. Le premier décrit plus particulièrement la cérémonie des
funérailles, le deuxième revient sur la carrière du baron. Voici une retranscription de ces
articles :
Numéro du jeudi 1er juillet 1886
Une triste nouvelle nous parvient à l'instant : un de nos dévoués abonnés, l'excellent baron de Condé de Montataire, ce noble descendant de cette illustre famille, issue du sang des empereurs et des rois, qui donna des seigneurs à Belœil, à Morialmé, à Fontaine, à Landelies, et dont une branche se signala dans l'industrie verrière, en Argonne et au pays de Charleroi, ce bon vieillard qui ne comptait que des amis, n'est plus, depuis trois semaines environ, il avait quitté Paris pour respirer un air plus pur sur ses belles terrasses de Montataire ; c'est au pied des hautes tours du manoir féodal qu'il a rendu son âme a Dieu dans la nuit du samedi 19 juin 1886.
Ses funérailles, nous écrit un honorable ami commun, ont eu lieu le mercredi suivant au milieu d'une immense affluence. On devinait, a l'air contristé de tous que le bienfaiteur de la contrée venait d'expirer. A la mortuaire, trois discours furent prononcés : le premier par M. de Chastenay, député de l'Oise, membre du conseil général du département, le second par le commandant des pompiers de Montataire, le troisième par un habitant d'une commune voisine du château où M. de Condé avait fait beaucoup de bien. Celui de ces discours qui a le plus impressionné la foule a été certainement celui du chef de la compagnie des pompiers, quand il a raconté que M. de Condé, malgré les hautes positions qu'il avait occupées au conseil d'Etat, n'avait pas dédaigné de se mettre à leur tête et d'accepter d'être leur commandant, non pas honoraire, mais effectif, manœuvrant avec eux tant que son âge le lui avait permis, les encourageant par son exemple, leur faisant toujours à tous le plus cordial accueil, ont vit briller des larmes dans bien des yeux. Sur le perron du château des Madaillan s'étendaient d'immenses draperies funêbres surmontées du blason de Condé. Autour, la noble devise : Loyauté et le cri: Vieux- Condé ! Deux chevaliers bardés de fer, casque en tête, tenaient deux bannières, l'une aux armes des Bourbon-Carency (branche légitime de la maison de France dans laquelle s'est éteinte par les femmes la branche aînée des sires de Condé). Dans l'église de Montataire, délicieux bijou de l'art ogival, d'immenses draperies s'émaillaient des mêmes écussons. Autour du catafalque, cinq bannières de soie multicolore, portées par les officiers des diverses compagnies du département. Plus de cent de ces hommes faisaient la haie et, à côté d'eux, les parisiens remarquaient, non sans étonnement, cinq ou six chevaliers de l'arc avec la flêche et l'arc traditionnels.
Le baron de Condé dont la famille a été bien des fois alliée à celle des Desandrouin, des Guiots, des de Colnet et autres familles de gentilshommes verriers de la lorraine et du pays de Charleroi, possédait dans son château de Montataire de belles archives, méthodiquement rangées en ordre, dans une tour moyen-âge, ayant à ses clefs de voûte les blasons des divers propriétaires de cette seigneuriale demeure.
Numéro du jeudi 15 juillet 1886
Nous avons relaté les funérailles de M. le baron Georges-Ferdinand-Emile de Condé,
décédé en son château de Montataire (Oise) le 12 juin 1886.
Frère de Mme du Liscoët, proche parent de M. le marquis de Larouzière, le M. de Condé
a eu une carrière très bien remplie, que le Moniteur de l’Oise, qui s’imprime à
Beauvais, a résumé comme suit :
" M. le baron de Condé est décédé samedi dernier, 12 juin, en son
château de Montataire, des suites d’une affection du cœur dont il souffrait depuis quelque
temps
M. le baron de Condé avait soixante seize ans.
Sa longue carrière s'est passée à la fois dans la vie publique et dans l'administration.
M. le baron de Condé a siégé au conseil d'Etat de 1837 à 1848. Dans cette
position il s'occupa des questions de chemins de fer, questions tout à fait nouvelles à cette
époque. Membre de la commission administrative des chemins de fer en 1842 et de la commission
supérieure en 1848, il fit, en 1846, un rapport fort remarquable qui eut un grand retentissement dans le
pays et dans les chambres et qui fit ressortir de suite, en même temps que la supériorité de
son intelligence, la hauteur des vues du baron de Condé.
Ce rapport sur les chemins de fer à créer dans l'ouest et le Nord-Ouest de la France, valut à
son auteur la croix de la Légion d'honneur.
En 1847, M. le baron de Condé représenta officiellement la France a la conférence
qui eut lieu à Bruxelles, pour régler, par un traité avec la Belgique et la Prusse, les nouvelles
relations résultant de l‘établissement des chemins de fer.
Les avis de M. le baron de Condé furent très appréciés et le traité qu'il
élabora sert encore aujourd'hui de base aux relations internationales des trois pays.
En 1852, il fut chargé par l'administration des études du chemin de fer de Beauvais à
Creil.
Il fut ensuite inspecteur général des chemins de fer, membre du comité consultatif
et de la commission permanente des chemins de fer.
M. le baron da Condé représenta le canton de Creil au conseil général, de I868
à 1878, et rendit, pendant ces dix années, de très grands services à notre
assemblée départementale.
Ses connaissances approfondies en administration, sa haute compétence en matière de
chemin de fer, alors que notre département se couvrait d'un réseau de voies ferrées, le firent
souvent nommer rapporteur de commissions importantes.
II fut aussi pendant plusieurs années, Maire de Montataire, notamment pendant l'invasion allemande.
Chacun, dans le pays, sa rappelle encore les nombreux services qu'il rendit à ses citoyens pendant cette
triste période.
Souffrant déjà de la maladie cruelle qui vient de l'enlever, M. le baron de Condé avait
cru devoir donner sa démission de conseiller général vers le mois de juin de 1878.
Nous avons tenu à mettre sous les yeux de nos lecteurs les principaux faits de la vie de M. le baron de
Condé, enlevé si promptement à l’affection de ses nombreux amis. "
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